Grand prix du "Touche pas au grisbi !"
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Cette semaine, le 1er prix “Touche pas au grisbi !” est décerné au patron de Total.
Il gagne haut la main la course aux idées saugrenues pour tenter de calmer la colère qui monte devant l’incapacité grandissante de vivre correctement que notre société appelle les problèmes du "pouvoir d’achat".
Comme d’autres, il voudrait calmer la colère mais sans augmenter les salaires et, au passage, il tente aussi de légitimer ses monstrueux bénéfices dont l’indécence, affichée aux yeux d’une population qui galère toujours plus, alimente elle aussi la lame de fond d’un mouvement de contestation qui appelle à un changement radical.
Alors le géant du CAC 40 promet 5 euros de remise sur un plein d’essence. 5 euros c’est toujours ça de pris ! diront les plus timorés ...
Son dauphin propose la baguette à 29 centimes et sur la 3eme marche le gouvernement enchaine les cataplasmes sur jambe de bois que sont :
- la prime "pouvoir d’achat" : 100 € pour ceux qui gagnent moins de 2000 € net /mois (c’est déjà reconnaitre qu’il est très difficile de vivre avec ça !), prime puisée dans nos cotisations ... ah leur bon cœur, c’est nous même qui payons !
- les primes Macron (700 puis 1000 puis 2000 € versées par les employeurs "qui le veulent", soumises à aucun impôt ni cotisation), reconduites chaque année, depuis 3 ans, elles permettent aux employeurs d’humecter légèrement les lèvres avant la négociation annuelle des salaires pour justifier ensuite l’absence d’augmentation significative efficace pour étancher la soif de ceux qui ne cessent de tirer la langue !
- l’apparente augmentation du salaire net par la réduction voire la suppression des cotisations sociales : alors là c’est l’apothéose !
- la cotisation sociale est une part de notre salaire, ils modifient le lieu de son versement, ainsi nous nous payons nous même la pseudo augmentation qu’ils affichent sur nos bulletins de salaire depuis 2018, aucune augmentation du salaire, le salaire brut ne bouge pas !
- la cotisation ouvre des droits : l’accès aux soins, l’aide sociale, l’assurance maladie et chômage, la retraite. Réduire ou supprimer les cotisations réduit et supprime ces droits et nous condamne à payer plus cher (avec le salaire net) des assurances privées pour ceux qui le peuvent encore ou à vivre sans pouvoir se soigner, dans la peur d’un lendemain qui priverait de travail et de ressource (maladie, accident, licenciement, grand âge). Gouvernement et patronat décident de la manière d’assurer la crainte du lendemain et nous imposent des assurances privées, plus chères donc encore moins pour vivre ! Et toujours plus d’argent placés dans la poche des assureurs et de leurs actionnaires ...
- la cotisation, c’est l’émancipation du salarié, un budget supérieur à celui de l’Etat, directement issue de la valeur créée par le travailleur et orienté pour garantir le lendemain. Ne plus avoir peur du lendemain, pouvoir se soigner (arrêter le travail, se reposer, consulter un médecin, faire des examens, obtenir des médicaments, subir les actes médicaux indispensables), pouvoir se loger et se nourrir lorsqu’on ne peut travailler (maternité, maladie, accident du travail, invalidité et la fatigue liée à l’âge). Réduire et supprimer la cotisation, c’est nous enchainer durablement au travail, c’est faire grandir la peur d’en manquer et ainsi nous contraindre à travailler toujours plus, en acceptant les bas salaires, en repoussant l’âge de la retraite et en abaissant le niveau des pensions distribuées.
- c’est le programme commun des extrêmes droites, de la droite extrême, de Macron et du cocon socialiste qui l’a bercé !
Avec tout ça, on est sauvés !
Toutes ces trouvailles auraient, sans aucun doute, inspiré Audiard : oui ils osent tout loin, très loin, de l’indispensable partage des richesses existantes : "touche pas au grisbi" !
Le partage des richesses ne relève même plus d’une idéologie politique, le patron de la Caisse des dépôts et consignations dénonce lui aussi, dans une interview cette semaine, la faiblesse des salaires par rapport aux revenus du capital.
Mais gare à eux, ces tours de passe-passe n’étanchent pas la soif de justice sociale !
Leur entêtement à ne pas y répondre alimente la détermination. Dans de très nombreuses entreprises, la revendication pour de meilleurs salaires monte, les grèves se multiplient, le rapport de force s’installe (sans travail pas de bénéfices) ... et les victoires se suivent.
Autant de signaux forts pour construire un printemps revendicatif pour de nouvelles conquêtes sociales.
Dans ce sens, deux rendez-vous de grèves et de manifestions s’organisent :
- Le 8 mars, pour gagner l’égalité salariale femmes/hommes.
- Le 17 mars, avec la journée d’action unitaire pour l’augmentation des salaires et des pensions.
Et en avril, nous pouvons aussi faire grandir le rapport de force en votant pour un programme favorable à l’émancipation sociale par des règles démocratiques rediscutées, favorable au partage des richesses et à une concrète bifurcation écologique respectueuse des êtres humains, des animaux et de la nature.